De Moncuq au 2bis
Bonjour,
Il se trouve qu'une étude vient d'être réalisée à propos de ces passages à l'ANPE qui peuvent s'avérer bénéfiques pour certaines catégories professionnelles et, beaucoup plus souvent, s'avèrent une cause de déclassement social pour d'autres. Dans cette dernière catégorie, on trouve massivement les jeunes diplômés et les quinquagénaires.
Les cadres placés plus haut à l'entrée de l'ANPE ont par définition plus de risques d'en sortir déclassés. Alors, que penser d'une femme cadre de plus de 50 ans ?
Notre Club ERME basé au 2bis (nous y voilà) étant constitué de Cadres est donc fort intéressé par cette enquête scientifique menée par l'Université Paris 1 (Panthéon Sorbonne) en fin d'année dernière auprès de 5548 personnes.
Vous trouverez toutes les informations concernant cette enquête intitulée "le déclassement à la sortie du chômage" ici.
En voici un extrait :
Si une personne a déclaré un niveau de qualification à l’inscription à l’ANPE, elle a peu de chances de monter dans la hiérarchie professionnelle à la sortie du chômage (8 %). Souvent, ce niveau de qualification dépend beaucoup de sa reconnaissance par l’entreprise, surtout pour les autodidactes ou les personnes faiblement diplômées. Ces compétences s’avèrent peu transférables et résistent mal à l’épreuve du chômage, d’autant que ces personnes se trouvent en concurrence avec des jeunes diplômés. L’ampleur du déclassement pour ce niveau de qualification renvoie aussi à leur « identité professionnelle » (Dubar, 1991) : certains adoptent des stratégies de reclassement sur des emplois moins qualifiés en escomptant une progression de carrière ou une nouvelle mobilité interne, dans la logique de leur parcours antérieur.
Les cadres ont à peine une chance sur deux de rester dans ce groupe à la sortie du chômage et une part non négligeable d’entre eux se met à son compte (par exemple dans les services aux entreprises : formation, ressources humaines…). Les chômeurs créateurs d’entreprise ou se mettant à leur compte se concentrent donc dans les catégories élevées de la hiérarchie professionnelle, les anciens cadres disposant a priori d’un capital économique et social supérieur aux autres chômeurs. Cette solution peut être un moyen pour continuer à exercer le même métier sous un autre statut et donc d’éviter le déclassement pour des anciens cadres expérimentés ou âgés de plus de 50 ans connaissant structurellement des difficultés de sortie du chômage. Le reclassement sur un statut d’indépendant représente aussi une stratégie de sortie du chômage par défaut, si la recherche d’emploi salarié a échoué9. Pochic (2001) s’est spécifiquement intéressée aux comportements des cadres au chômage face à la menace du déclassement à partir d’un échantillon longitudinal. Selon d’Iribarne (1990), la logique de l’honneur conduirait les cadres vers un chômage d’attente plutôt que vers des positions déclassées. Or, dans l’enquête de Pochic (2001), plus de la moitié des trajectoires des cadres s’inscrivent dans un déclassement et 43 % d’entre eux cherchent uniquement un emploi en CDI à temps plein et n’accepteraient rien d’autre. Les principaux facteurs de risque de déclassement ressortent dans cette étude : « il est beaucoup plus probable de perdre son statut cadre si on n’est pas diplômé du supérieur, au chômage de longue durée et si l’on est une femme ».
Dans l’enquête « Sortants de l’ANPE », nos résultats donnent de mêmes ordres de grandeur.
Seulement 46 % des cadres au chômage déclarent avoir retrouvé un emploi de ce niveau de qualification, 22 % d’entre eux ont
accepté un poste d’employé et 5 % d’ouvrier, ces deux dernières situations représentant une dégradation du statut professionnel (tableau 3). Les reconversions fréquentes chez les techniciens et
les cadres deviennent un passage obligé dans certaines professions, surtout passé un certain âge – plus de 45 ans dans des métiers de commerciaux, techniques commerciales, publicité ou
communication. Le déclassement peut alors être contraint, notamment si ce salarié qualifié veut rester dans son ancien domaine professionnel ou « choisi », et mieux accepté en changeant de
métier pour une activité qui l’intéresse. Le passage par le chômage peut aussi être l’occasion d’un redéploiement d’un projet professionnel antérieur dont le succès dépendra pour beaucoup des
diplômes, des compétences transférables et de l’âge. La résistance au déclassement s’avère moins forte chez les cadres autodidactes qui espèrent une nouvelle mobilité que chez les diplômés, par
exemple. Des effets sectoriels jouent aussi : la mobilité avec un changement de métier proche de l’ancien, avec des transferts de compétences, est beaucoup plus développée chez les salariés
administratifs ou commerciaux que dans les postes techniques ou d’ingénieurs travaillant dans l’industrie.
En conclusion, évitez du mieux que vous pouvez de passer par la case ANPE ou oubliez toute idée d'ascension sociale ! Du moins, en France.
Cordialement
Le Blogmestre